
Direction le centre social 3 Villes. Après la récré-goûter, les enfants expérimentent dix minutes de relaxation, essentielles pour débuter un atelier musique. Dans cet atelier pas comme les autres, 10 enfants entre 7 et 9 ans des CE1 et CE2 des écoles environnantes (des groupes scolaires Marie-Curie, Saint-Exupéry et Jules-Ferry) de ce quartier prioritaire, apprennent la musique, avec le corps et à l’oreille. 6 jouent du violon, 4 du violoncelle dans ce programme OPUS* soutenu par la Métropole, qui forme en trois ans à la pratique en orchestre symphonique.
Immersion
« Aujourd’hui, on revoit le jingle et on travaille deux premiers morceaux, annonce Esther Devoldre, violoniste et enseignante pour le projet. Avec Tiphaine [Lorentz, enseignante violoncelliste], nous étions fières de votre attitude pendant le stage, heureuses de vous avoir vus jouer avec les autres, dirigés par Lucie [Leguay], votre cheffe d’orchestre**. Elle est adorable, et très connue aujourd’hui.
« La gamme, c’est l’alphabet de la musique », rappelle Esther. La troupe en cercle et en mouvement s’essaie de nouveau au jingle : « do ré mi fa sol la si do on est là… On est Hem, la ville que j’aime ».
Avec Esther, au violon. Esther rappelle comment on prend soin de sa boîte et comment on s’installe avec son violon. « Vous vous souvenez ? On met de la colophane sur son archet… » Elle vérifie le coussin installé entre l’épaule et le violon qui adoucit le début de l’apprentissage, et accorde les instruments.
Avec Thiphaine, au violoncelle, dans la salle d’à côté. « Jules, tu te souviens ? Comment on s’installe avec un violoncelle ? » Tiphaine corrige. « Le pouce sur la partie noire, tu pinces la corde et tu fais un do. »
Retour en grand groupe. Tiphaine et Esther jouent, les enfants applaudissent, chantent les notes « sol sol ré ré ». « La musique, c’est aussi un récit. Purcell, c’est l’époque des princes et des princesses. Là, ils arrivent à la cour, heureux », explique Esther. L’atelier terminé, Esther détaille « pour la première fois, les enfants ont joué un vrai morceau. Cela va les aider à embarquer dans ce programme. Dans cette phase de découverte, nous menons un travail basé sur la transmission orale, pas d’écrit et pas de partition. Nous travaillons beaucoup sur le corps, avec également des intervenants en chant et en danse. Et au cœur du projet, il y a le lien créé avec les enfants, les familles et entre les enfants. » Un fil tenu que Véronique Tibonnier, référente pour le centre social, résume : « cette façon de faire grandir les enfants est hors du commun ».
* Initié par la MEL, monté avec l’ONL, le dispositif OPUS (Orchestre pédagogique d’utilité sociale) - pratique musicale au sein d’un orchestre - regroupe 80 enfants des quartiers Politique de la ville de Seclin, Roubaix, Mons-en-Barœul, Marcq-en-Barœul, Faches-Thumesnil, Lille, Hem et Wattrelos.
** Lucie Leguay a été récompensée aux Victoires de la Musique « Révélation Chef d’orchestre », le 2 mars.
À l’heure de détendre l’archet et de ranger l’instrument, les enfants :
Linelle, 7 ans, assure avoir choisi le violon parce qu’il « est mignon et facile à manipuler. J’ai aimé quand on a fait le jingle et quand on a pique-niqué pendant le stage ».
Anaelle, 7 ans et demi, début également au violon. « C’est moins lourd et mignon. J’ai aussi aimé le jingle et quand tous les groupes ont joué ensemble. »
La référente du centre social 3 Villes à Hem, Véronique Tibonnier : « En janvier, les enfants ont dansé et chanté… Avant les vacances, des mamans sont venues chanter et danser avec nous. Et après le tutti, les enfants ont essayé le violon et le violoncelle. J’ai suivi les deux premiers programmes Demos. 6 enfants de Hem ont continué au conservatoire. C’est une des plus belles expériences professionnelles de ma vie. Une fois à la retraite, je continuerais à être bénévole dans ce programme. »
L’enseignante violon, Esther : « Au cœur du projet, il y a le lien créé, un lien qui perdure avec les enfants des différents programmes d’apprentissage Démos et aujourd’hui OPUS. Le projet fait du lien avec les enfants, les familles. Une chorale de parents se monte en parallèle des ateliers enfants. C’est une grande fierté de les voir sur scène. »