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- Grégoire Furrer, créateur de Lillarious

« L’humour est un outil de résistance et de résilience »
Pourquoi avoir choisi la MEL pour organiser ce festival d’humour ?
Pour plein de raisons ! Les artistes que je croisais à Montreux me parlaient souvent de la qualité du public du Nord de la France, qui est curieux et généreux, et c'était souvent là qu’ils m'invitaient à venir voir leur spectacle quand ils voulaient me séduire pour faire Montreux ou un autre festival. J'avais donc ce sentiment que c'était vraiment une terre d'humour et pour l'humour ! Et ce qui m'a aussi beaucoup intéressé, c’est sa situation géographique, proche de la Belgique, pas très loin de Paris (même si c'est suffisamment loin pour que ça soit dépaysant), ainsi que le dynamisme économique de la région et sa qualité de vie. Tout cela fait que pour moi c'était vraiment un endroit propice pour un festival.
Quelle est la vocation du festival ?
Il en a plusieurs. La première, c'est vraiment de créer un gros événement en France, parce que les grands festivals d’humour francophones sont souvent à l’étranger, comme Montreux, Marrakech, le Canada… Pour moi c'était important de remettre un peu l'église au centre du village en créant un festival de référence en France. C’est ce qu’est devenu Lillarious, qu’on cite à présent à l’étranger : quand on est humoriste au Québec et qu'on veut faire un gros festival en France, on sait désormais qu'on doit faire Lille. La deuxième vocation de Lillarious, c’est d’être un festival résolument tourné vers l'avenir, qui ne regarde pas dans le rétroviseur, qui met vraiment en avant la jeunesse, la formation, les artistes de demain, et qui réfléchit à la place de l'humour dans la société, d’où la partie « états généraux de l’humour » qu’on a faits pour la quatrième année. Et qui réfléchit aussi à la manière dont la technologie va avoir une incidence sur la production de l'humour. On en voit déjà des exemples avec les réseaux sociaux sans lesquels aucun humoriste ne peut plus aujourd’hui démarrer une carrière. Il y a d’autres évolutions qui vont arriver, comme la traduction simultanée des sketchs avec l'intelligence artificielle par exemple. Donc, ce qui est intéressant, c'est aussi de travailler dans la métropole avec des incubateurs ou des plateformes comme EuraCreative by Plaine Images notamment, avec qui on réfléchit à développer une forme de forum autour de la technologie d'avenir pour l'humour. Nous regardons également du côté de Londres, très innovante en matière humour, et aussi en Flandres où il y a beaucoup de choses originales. L’idée est de créer un hub Technologique de réflexion. C'est ambitieux, on ne va pas le réaliser en deux ans, mais c’est sur notre feuille de route.
Lillarious a-t-il évolué depuis 2022 ?
Clairement oui ! On voit déjà l'énorme évolution. La première année, on a fait 5 000 spectateurs et cette année il y en a eu 20 000, donc quatre fois plus. Et en 2022, nous avons accueilli une quinzaine d’artistes, en 2025 une soixantaine. Le festival grandit chaque année, et en 2025 nous avons encore grandi. L’objectif, c'est de continuer sur cette lancée. Monter un festival c'est un marathon, il faut se projeter sur 10 ans si l’on veut vraiment avoir un résultat probant, c’est-à-dire inscrire sur la carte du monde Lille comme une destination d'humour international. Montreux, ça a mis 35 ans à construire et il a commencé à décoller après 20 ans. Mais aujourd’hui j'ai plus d'expérience, je connais du monde. Et le monde de 2025 n’est pas le monde de 1990, il va beaucoup plus vite. Lillarious évoluera donc également plus rapidement.
L'idée du festival, est-ce de faire découvrir de nouveaux talents ?
Pas forcément des jeunes qui viennent de démarrer, mais plutôt les nouveaux « patrons » de l'humour. Je pense à des gens comme le Belge GuiHomme qui vient des réseaux sociaux, le stand-upper Ilyes Djadel qui y a explosé l'année dernière, ou cette année Thomas Angelvy… On va chercher cette génération de jeunes entre 20 et 25 ans, qui viennent des réseaux sociaux mais qui font des spectacles dans des Zéniths ! Nous les emmenons dans un concept et dans un format propriétaire du festival. Ils ne viennent pas faire leur spectacle habituel, qu'on peut voir tout au long de l'année, ils viennent à Lille pour créer quelque chose de nouveau. C’est beaucoup de travail mais c'est super important. Car ainsi le contenu du festival est original, il nous appartient et on peut par la suite l’exploiter sur les réseaux sociaux, ce qui fait grandir la marque Lillarious de manière très forte. Elle devient LA référence et les autres artistes, qui suivent évidemment les réseaux sociaux, se disent « moi, l'année prochaine, je veux le faire aussi » ! On essaie aussi de stimuler les jeunes de la région, via des masterclass, pour les former et les préparer à faire le festival. Nous faisons aussi des animations dans plusieurs départements des Hauts-de-France pour aller à la rencontre de la jeunesse.
Imposez-vous une thématique particulière ?
Non, nous essayons d'être le plus exhaustif possible dans l'humour. Cette année, par exemple, il y a eu une création originale avec Aymeric Lompret, un humoriste qui vient de l'univers France Inter, Thomas Angelvy avec le stand up… Il y a également eu une soirée « signature de lillarious » avec le show Babel. Il s’agit d’un spectacle multilingue avec sept artistes francophones et trois non francophones. Ils sont traduits en simultané dans la salle, au moyen de d'oreillettes, et ça permet d'amener un regard international sur la métropole. Cette année par exemple, on a choisi un Italien, un Ukrainien et un Coréen. C'est une première mondiale qui met Lillarious au centre de la carte du monde.
Est-ce qu’on peut faire une carrière d’humoriste à Lille alors que tout est centralisé à Paris pour les artistes ?
Vous avez raison sur le constat, mais ça change un peu. On voit en France des nouveaux hubs qui se créent, comme Marseille notamment, ou même un peu Lyon. Marseille, par exemple, c'est une région qui permet à des artistes de vivre, et je pense que la région des Hauts-de-France peut, elle aussi, nourrir son propre écosystème. De plus en plus d’artistes vivent en province, et montent à Paris quand c'est nécessaire. Ils font leurs vidéos depuis chez eux, ils font des spectacles régionaux. Et de temps en temps ils partent en tournée française ou internationale… Paris reste encore le centre décisionnaire, mais les régions sont en train de créer un vrai contrepoint à la capitale.
Quel type d'humour est le mieux accueilli par le public ?
C'est assez difficile de répondre à cette question, puisqu’il y vraiment tous les goûts dans le public… Le public lillois est enclin à la découverte, il est prêt à tester des choses, par exemple le concept Babel dont j'ai parlé tout à l'heure, qui a très bien marché. C’est un public de connaisseurs de l'humour, de gens qui en ont vu beaucoup et qui ont de vraies références, et qui ne sont pas blasés. Autrement dit, c’est un public généreux et curieux.
Le public est-il très local ou vient-il de partout en France voire de l'étranger ?
Pour l'instant, le public est encore très local, mais il commence à s'internationaliser et à s'agrandir de plus en plus. Depuis l'année dernière, on voit de plus en plus de gens qui achètent des billets à Paris par exemple. Ça reste encore la minorité mais on sent qu'il y a un mouvement rapide. L’année prochaine, on projette de faire une soirée belge pour attirer du public belge, et peut être qu'on va aussi s'ouvrir un peu à l'anglophone pour à attirer un public flamand en anglais. L’objectif étant de faire de Lillarious un pôle d'attractivité du territoire et de la métropole.
Qui s’occupe de la programmation des artistes ?
Nous avons un comité de programmation où chacun amène des idées et des réflexions : quelles sont les tendances actuelles ? Qu’est-ce qui a marché l'année dernière ? Quelle est la sensibilité régionale ? Il y a beaucoup de discussions, j’écoute toutes les équipes, leur enthousiasme et leurs envies, et puis je fais le choix final, avec en tête toutes les contraintes financières, opérationnelles, logistiques, politiques, etc. Je fais mon choix final avec ces ingrédients en essayant évidemment chaque année de faire le meilleur festival possible, avec les moyens qu'on possède.
Avez-vous une grosse équipe pour gérer le festival ?
C’est un énorme travail, dont 90 % se fait tout au long de l'année, et qui mobilise une très grosse équipe. C'est possible uniquement parce que nous sommes un groupe de plusieurs festivals. Une grande partie des activités est mutualisée avec Montreux, avec les spectacles en Belgique, à Nice, à Montréal ou à Abidjan. Par exemple, si on veut faire une soirée africaine à Lille, on peut s'appuyer sur l'équipe africaine, mais c'est l'équipe européenne qui porte Lillarious. Elle porte quatre festivals dans l'année ainsi que des projets annexes, et cela permet d'avoir un effet d'échelle, de force du groupe, pour mutualiser les gens sur plusieurs événements et donc de pouvoir les occuper toute l'année. Et ça a un effet vertueux car les gens se forment très vite, et les erreurs qu'on fait à Montreux ou à Liège, on ne les refait pas à Lille.
L'humour est-il une arme efficace contre la morosité ambiante ?
L'humour est un outil de résistance, c'est certain. C'est aussi un outil de résilience. Par exemple en Afrique où la situation est difficile, il y a beaucoup d'humour. Cela aide à faire un petit pas de côté pour relativiser les choses. Et puis aujourd'hui, il y a un énorme enjeu de liberté d'expression, et l'humour évidemment est nécessaire pour pouvoir être le « poil à gratter » d'une société de plus en plus complexe.
À SAVOIR
La MEL subventionne le festival Lillarious à hauteur de 150 000 €