Ils se rencontrent lors d’ateliers menés dans un foyer pour personnes en situation de handicap (à Grugny). Carl, de nature réservée, par la danse s’illumine et reprend possession de son corps.

Qu'est-ce qu'apprendre ? Se révéler, à soi. Qu'est-ce qu'enseigner ? Se révéler à l'autre. Serais-je tenté d'affirmer ! Corps Inouïs est un désir d'entremêlement afin d'ouvrir les champs de la création et de la médiation. En effet, nous croyons qu'il est important aujourd'hui d'enclencher le décloisonnement entre les notions de professionnel·le et d'amateur·ice. Car la rencontre se situe là : au point de rapprochement qui nous unit et qui permet le dialogue et la compréhension, l'entremêlement et la perméabilité de ce qui nous constitue. La question de « l'amateur·ice » m'intéresse en ce sens où elle remet en question ma relation au travail et me questionne sur ma place dans la société. Dans ma pratique chorégraphique et photographique, il a toujours été question de rencontrer l'autre. Corps Inouïs c'est désirer révéler un corps qui n'a jamais été ouï, pour soi, pour et par l'Autre. Comme un geste révélé pour soi en même temps que politique et utopique. Un geste qui puisse entrer en résonance avec le monde. Un geste qui doit être partagé. Je travaille avec mon corps qui jamais ne cesse de se transformer... et ces questions qui me suivent : Jusqu'à quand mon corps sera un corps de danseur professionnel ? À partir de quoi considère t-on un corps comme étant expert ou amateur ? Je voudrais réfléchir à un concept de corps inouï (l'inouï comme une utopie possible), c'est-à-dire commencer par donner la parole en mouvement, à un corps qu'on n'entend pas, qui n'a pas vraiment la possibilité de s'exprimer et qui pourtant est parlant — dans la mesure où son être est humain, est parlé par l'Autre — un corps utopique et politique. - Sébastien Laurent